Jean-Paul Desroches avec la collaboration de Huei-chung Tsao et Xavier Besse
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Dans l’atelier du potier La cuisson

La cuisson

Durant la cuisson, le four est chauffé graduellement jusqu’à obtenir la température nécessaire. Cependant on prend soin de respecter plusieurs paliers afin que la pression à l’intérieur de la pâte n’augmente pas trop rapidement pour éviter l’éclatement des pièces. La première phase, durant laquelle l’eau contenue dans la pâte s’évapore, se situe à environ 120°C. Une fois l’eau évaporée, un deuxième palier est franchi à 350°C, le restant de l’eau faisant partie intégrante du minéral d’origine bout alors et les éléments organiques contenus dans l’argile se décomposent. Ensuite vers 650°C on observe les premiers signes de transformation vers une matière céramique, mais les particules ne sont pas encore soudées entre elles. Durant l’étape suivante, vers 950°C, les composantes de l’argile commencent à se fondre, c’est à cette température que l’on obtient les premières terres cuites. Vers 1100°C, la silice commence à entrer en fusion amorçant un processus de vitrification, on obtient alors du grès, c’est à dire des particules d’argile, enrobées dans un magma transparent. Au fur et à mesure que la température va croître, se forme un cristal dont la composition ressemble à des aiguilles enchevêtrées, consolidant le corps. Simultanément la silice fond et augmente la proportion de verre contenu dans la pâte. Quand la cuisson est conduite jusqu’à 1350°C, on obtient un matériau parfaitement fusible, la porcelaine.

Afin que le corps et le revêtement adhèrent parfaitement, cette température est maintenue pendant de longues heures. Durant cette phase ultime des bulles d’air vont sortir de la couverte. Ensuite commence le refroidissement du four. Le corps de la céramique se contracte alors que le verre qu’il contient se solidifie. Corps et couverte, désormais solidaires en raison de leur différence de nature, peuvent engendrer un réseau de craquelures. Ce phénomène, pour certains types, sera exploité à des fins décoratives, tel est le cas des guan et des ge.

Les modes de cuisson : Réduction et oxydation

L’obtention de certaines couleurs nécessite un contrôle de l’atmosphère de la chambre de cuisson.
Une cuisson en réduction visera à réduire au maximum la teneur en oxygène dans l’atmosphère. Le potier ferme les ventaux d’aération de la chambre, celle-ci se remplit alors de fumée. L’atmosphère va aspirer l’oxygène contenu dans les céramiques, et principalement dans les oxydes métalliques présents dans la couverte. Ceux-ci vont se retrouver réduits à un état inférieur sans oxygène, et donner dans le cas du fer des couleurs tirant sur le bleu, le vert ou le gris, et pour le cuivre, sur le rouge.
Dans le cas d’une cuisson en oxydation, c’est le contraire qui se produit, les oxydes de fer virent au brun ou au rouge, et la cuivre donnera une teinte verte.

L’atmosphère de cuisson est cependant difficile à garder constante et nombre de pièces montrent des traces d’une réduction imparfaite. En général, la chambre est très enfumée lorsque le foyer vient d’être allumé créant une atmosphère réductrice, mais la fumée se dissipe lors du refroidissement, engendrant un climat oxydant. En outre, l’atmosphère agit sur la plus ou moins grande dureté d’une pièce.

Une fois toutes ces opérations achevées, les objets sont préparés pour leur expédition. Ils seront emballés dans de la paille tressée ou non, puis, pour les plus importants, conditionnés dans des caisses de bois, et voyageront par voie fluviale.